L’homophobie au Mali : et si on en parlait.

Article : L’homophobie au Mali : et si on en parlait.
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25 janvier 2021

L’homophobie au Mali : et si on en parlait.

L’homosexualité ou Inversion sexuelle est une tendance à éprouver de l’attirance sexuelle pour les personnes de son propre sexe. Autrement, on parle de la communauté LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles)

La légalisation du mariage entre personnes de même sexe fait grand débat actuellement un peu partout dans le monde. Au Mali, la question n’est pas encore à l’actualité. Il faut croire que le sujet est assez sensible au sein de notre société, vu le degré de violence à la fois verbale que physique dont est victime la communauté LGBTQIA+. Nos législateurs tardent toujours à légiféré sur la question : légaliser ou punir Inversion sexuelle? C’est une affaire de patates chaude, dont personne n’ose aborder.

L’inversion sexuelle est aujourd’hui légale dans seize pays africains sur 194. Le dernier pays à la décriminaliser : le Botswana, qui rejoins l’Afrique du Sud, ont résolu la question en rendant possible le mariage pour tous.

Au Mali, les débats sont vifs. Les prises de position parfois violentes. L’inversion sexuelle et sa place dans la société posent problème. En à croire ces dernières années, les images et vidéos qui pullulent sur les réseaux sociaux. La dernière en date a mise en scène le lynchage et l’humiliation publique d’un jeune travesti au quartier Hippodrome dans la capitale Malienne. Des images assez choquantes et d’une barbarie extrême. Une fois de plus, l’impunité totale est au rendez-vous après de tel acte.

L’homosexualité en Afrique en 2019. © TV5MONDE

L’homosexualité au Mali est un sujet tabou et dangereux. On préfère évoquer une maladie de Blancs, une importation de l’Occident, une déviance. Sur le continent près de quarante Etats condamnent ces relations charnelles jugées contre-nature. Au Mali, le simple fait d’évoquer l’homosexualité est perçu comme une provocation, une perversion. Elle est aussi très souvent instrumentalisée à des fins religieuses.

« L’homosexualité oppose l’humanité à elle-même et la détruit […] L’homosexualité n’est pas un droit de l’homme mais une aliénation qui nuit gravement à l’humanité. » Extrait de lettre de leaders religieux sur l’homosexualité.

Pouvoir et religion, coutumes et croyances, aucune tolérance n’est permise.

« Pour nous les musulmans, c’est un acte ignoble, condamné par notre religion. Et aujourd’hui, que cela soit par les chrétiens, la majorité, ont les mêmes points de vue que l’islam. C’est un acte qui n’est pas accepté. C’est l’acte le plus grave, que l’on peut appeler la fornication. » Imam

« L’homosexualité à mon sens apparaît comme une maladie. », « L’homosexualité, c’est une abomination », « Si l’un de mes parents était homosexuel, je l’accepterais comme il l’est, c’est tout. », « Deux personnes de même sexe s’accouplent, c’est vraiment aberrant », « l’homosexualité n’a pas sa raison d’être. », « Je ne comprends même pas la notion d’homosexualité », confie différents intervenants lors d’une discussion sur le sujet.

« ll y a chez une partie de la population une vision très sexuelle de l’homosexualité. Une obsession de la sodomie, y compris de la part de gens qui se définissent comme « gay-friendly » intervient en commentaire un blogueur dans un billet sur l’ignorance dont se nourrit l’homophobie.

Au Mali, les homosexuels vivent donc dans la solitude, la peur, la clandestinité, quand ils ne sont pas victimes d’agressions.

Paradoxalement, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui est une convention internationale ratifiée par l’ensemble des pays africains, y compris le Mali, dans son chapitre I – article 2 stipule : « Toutes personne a droit à la jouissance des droits et libertés reconnus et garantis dans la présente charte sans distinction aucune, notamment de race, d’ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »

Pour la fédération internationale des droits de l’homme s’identifier à une inclination sexuelle ne peut donc en aucun cas être considéré comme un crime, un délit ou un outrage. Mais ce n’est qu’une charte, elle est donc non contraignante pour les États signataires.

Comment vit-on au Mali quand on est homosexuel, transsexuel, lesbienne ou bisexuel ?

« Je suis bisexuelle, par contre je préfère être avec des filles qu’avec des hommes. Il y a des jours où je suis restée chez moi toute seule à pleurer. Et à la fin, je me suis dit : « Mais pourquoi je vis encore ? Je dois mourir comme cela les gens vont vite m’oublier ». Je crois qu’en souhaitant être moi-même, il faudrait que je quitte l’Afrique » confie F.T, une jeune femme malienne bisexuelle, obligée de se cacher pour vivre ses amours défendues.

La finalité de cette question est d’écouter, comprendre et mieux cerner le quotidien toujours difficile de ces hommes et de ces femmes régulièrement humiliés ou persécutés. Alors pour briser l’isolement et atténuer leur solitude, pour mieux défendre leur cause aussi, nombre d’homosexuels s’engagent dans les associations.

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