Bamako, le Kandahar made in Afrique de l’Ouest

Article : Bamako, le Kandahar made in Afrique de l’Ouest
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10 mars 2015

Bamako, le Kandahar made in Afrique de l’Ouest

C’est avec un grand effroi que les habitants de la cité des 3 caïmans, moi en premier, ont appris la fusillade dans la nuit du 6 au 7 mars dernier au bar restaurant « La terrasse » à l’hippodrome, en commune II du district. Le bilan encore provisoire de l’attaque : cinq morts dont trois de nos compatriotes, un Français et un Belge. A noté également, neuf blessées. Cette lâche attitude a remué tout le pays entraînant un sursaut populaire face à l’insécurité au sein de la capitale malienne. 

Bamako vue de nuit - Photo: Oman Seth Ahouansou
Bamako vue de nuit – Photo: Oman Seth Ahouansou

Bamako est telle une ville passoire ?

Qui aurait cru, il y a cinq ans de cela, que Bamako serait victime d’une situation d’instabilité sécuritaire aussi grande, et digne d’un film hollywoodien avec une mise en scène de guérilla urbaine. Les effets spéciaux du grand écran s’invitent dans nos rues. La question reste posée. Rappelez-vous l’année dernière, aux heures de l’insurrection militaire, la ville de Bamako était très quadrillée avec un contrôle accru aux différentes entrées. On voyait des dispositifs positionnés sur le pont roi Fahd avec des patrouilles mixtes, filtrant les allées et venues des usagers. Cela n’a duré que quelques semaines.

Les patrouilles policières en dehors du cadre régalien.

À Bamako, il est amèrement constaté que les patrouilles policières ne sont bonnes qu’aux rackets d’honnêtes citoyens ou de pauvres ruraux venus dans la capitale dans l’espoir d’un lendemain meilleur. Le contrôle des pièces d’identité n’est plus ce dispositif d’identification des individus en vue d’assurer la circulation des personnes et de leurs biens. Il est transformé par nos chers porteurs d’uniforme en un moyen de soutirer de quoi remplir leur portefeuille, d’où l’abus généralisé. Malheur à celui qui lors d’une virée nocturne oublie sa pièce d’identité ou la vignette de sa moto. C’est la grosse galère sans parler des humiliations qui vont avec. J’en sais quelque chose.

Alors que les zones sensibles sont bel et bien connues, nos forces de l’ordre sont dépassées par la tournure des événements actuels.

Non-respect des règles de sécurité au sein de certaines institutions internationales

Cet exemple est celui de l’Institut français de Bamako, ainsi que le lycée Liberté « A ». Le premier réaménagé avec une entrée et une sortie restreintes avec vigiles au portail de sécurité. Contrôleurs qui la majeure partie du temps sont autour d’un thé de grin avec les militaires, arme sous l’épaule,  en faction à l’entrée du parking. C’est une causerie qui débute, bien sûr à la malienne. Pour preuve, la semaine de la projection de l’avant-première du film documentaire « Capitaine Thomas Sankara », j’avais oublié dans la poche arrière de mon sac a dos, un canif. Figurez-vous que j’ai passé le portail de sécurité sans encombre. Une fois à la maison,  je m’en suis rendu compte. Le lycée français quant à lui est une véritable passoire. Les élèves se livrent à un trafic de chanvre sous le manteau bien sûr. Le trafic est connu, mais se poursuit.

Société de gardiennage ou métier de casse-pipe?

Emploi considéré à tort comme dévalorisant et mal payé par des sociétés de sécurité. La très grande majorité des employés sont des analphabètes ou des personnes en échec scolaire. A ajouter à cela, le manque d’équipements professionnels. Notre compatriote parmi les victimes de la terrasse à l’hippodrome a fait les frais. . Un autre mort oublié.

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